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Vous avez hérité d’une maison ? Au décès d’une personne, son bien immobilier, ses liquidités, ses meubles sont partagés entre ses héritiers. Mais cette répartition ne se fait pas à l’amiable ou d’un commun accord. C’est le Code civil qui fixe les règles de dévolution, la quote-part attribuée à chaque héritier, les règles de partage, et c’est le notaire qui est le garant de la bonne application de ces règles. Qui hérite et à quelle part chacun a-t-il droit ? Comment se passe la répartition d’une maison entre le conjoint survivant et les enfants ? Peut-on la vendre au moment de l’héritage ? Est-on obligé d’hériter ou peut-on renoncer à la succession ? Droits de succession, frais de notaire, Combien coûte l’héritage d’un bien immobilier ? Zoom sur les règles civiles et fiscales qui régissent l’héritage d’une maison.
Lorsque quelqu’un décède, son patrimoine est dévolu à ses ayants droit (ses héritiers). On dit qu’ils héritent. Si dans le langage courant on parle d’héritage, le terme juridique utilisé est succession.
La succession comprend l’ensemble des biens et des droits du défunt. Notamment son patrimoine immobilier, appartement ou maison.
Si le défunt était propriétaire d’un bien immobilier, les héritiers doivent obligatoirement se tourner vers un officier ministériel (autre terme pour désigner le notaire). Ce dernier est chargé d’ouvrir la succession.
Il :
Bon à savoir: selon la situation, l’officier ministériel peut être amené à rédiger d’autres actes. Par exemple, une déclaration d’option du conjoint, un procès-verbal d'ouverture de testament, un inventaire, un partage successoral…
C’est le Code civil (articles 731 et suivants) qui détermine qui sont les héritiers et la quote-part dont chacun hérite. Ces règles s'appliquent quel que soit le contenu de l’héritage.
Ils peuvent être :
Le notaire demandera les copies des livrets de famille et des extraits d’actes de l’état civil pour établir la dévolution (le transfert des biens), et n’oublier aucun héritier. En cas de doute, il aura recours au travail d’un généalogiste.
Envisageons l'hypothèse d’un héritage de maison en l'absence de conjoint du défunt.
Si le défunt n’a pas fait de testament (il est décédé ab intestat) :
Si le défunt a fait un testament, on distingue :
À noter: certains héritiers ne peuvent pas être déshérités. On dit qu’ils sont réservataires. Ils reçoivent toujours en héritage, a minima, la réserve héréditaire (articles 912 et suivants du Code civil). Il s’agit des enfants. Le défunt ne peut disposer à sa guise que d'une partie de sa succession, que l’on appelle la quotité disponible.
Les conjoints occupent une place privilégiée dans une succession. Sur le plan fiscal, cela se traduit par une absence de droit de succession entre époux.
On parle ici du conjoint marié. Un concubin ou un partenaire pacsé n’est pas héritier (sauf aux termes d’un testament préalablement rédigé).
Concrètement :
En l’absence d’enfants (ou de petits-enfants) et de parents du défunt, il hérite de la totalité de la succession. Autrement dit, il exclut les frères et sœurs (ou leurs enfants), les grands-parents, les oncles et tantes (ou leurs enfants) du défunt.
En présence d'enfants issus du couple, l’époux survivant peut choisir entre ¼ de la succession en pleine propriété ou l’usufruit du tout. Concrètement, l’option pour l’usufruit permet au conjoint de rester habiter dans le bien du défunt.
Le notaire établira un acte de déclaration d’option.
Par contre, lorsque le défunt a des enfants issus d’une autre union, il n’a plus de choix et hérite de ¼ de la succession.
Si le défunt laisse un conjoint et un parent, le premier hérite de ¾ de la succession.
S’il laisse un conjoint et deux parents, le premier hérite de la moitié de la succession.
Bon à savoir: si le défunt et son conjoint se sont fait une donation entre époux, ce dernier peut hériter jusqu’à ¼ en pleine propriété + ¾ en usufruit.
Un héritier n’est jamais obligé d’accepter une succession. Il se trouve face à un triple choix, c’est l’option successorale:
L’héritier doit faire son choix dans les 4 mois du décès.
Attention, l’option est indivisible, ce qui signifie par exemple que l’héritier ne peut pas accepter le bien immobilier et renoncer au reste de la succession.
Il arrive fréquemment que suite à un décès, les héritiers restent en indivision sur la maison reçue en héritage. Par exemple, si un défunt laisse quatre enfants et un bien immobilier, les enfants seront propriétaires indivis du bien à hauteur de ¼ chacun.
Cette situation d’indivision peut perdurer dans le temps. Mais elle peut être difficile à vivre, notamment après le passage d’une génération, lorsque des travaux doivent être effectués, ou lorsque certains indivisaires veulent vendre et d’autres non.
Deux solutions s’offrent alors aux indivisaires :
Voici un exemple concret pour tout comprendre :
Une succession comprend :
Les quatre enfants demandent au notaire le partage de la succession.
L’actif net partageable s’élève à 400 000 €, chaque enfant a droit à 100 000 €.
Au décès, le bien qui appartenait au défunt change de propriétaire. Il est dévolu (attribué) aux héritiers qui en deviennent propriétaires. C’est l'attestation de propriété immobilière qui constate ce transfert. Elle est publiée au Service de publicité foncière.
Les héritiers peuvent décider de vendre le bien:
Ils vont alors devoir fixer un prix, effectuer les diagnostics nécessaires (électricité, gaz, amiante, performance énergétique…), trouver un acquéreur, et solliciter un officier ministériel (souvent le même que celui chargé de la succession) pour s’occuper de la vente.
Le prix de vente sera partagé entre les vendeurs selon leurs quotes-parts respectives.
Par exemple :
Un défunt laisse son père et son conjoint.
Les deux héritiers décident de vendre la maison et trouvent un acquéreur au prix de 200 000 €.
Le père recevra 50 000 € et le second 150 000 €.
On parle souvent de frais de notaire dus dans le cadre d'une succession. En réalité, il faut bien distinguer entre :
L'ensemble de ces frais sont calculés sur l’actif net de succession, c’est-à-dire sur la valeur des biens au jour du décès (dont la valeur de la maison), de laquelle on retranche toutes les dettes du défunt.
Le calcul de droits de succession se fait en deux étapes :
Lien de parenté avec le défunt | Abattement | Commissions |
---|---|---|
Enfant, père ou mère | 100 000 € | 100 % |
Frère ou sœur | 15 932 € | |
Neveu ou nièce | 7 967 € | |
Autres | 1 594 € |
Part taxable | Tarif applicable | Commissions |
---|---|---|
Héritiers en ligne directe | 100 % | |
Jusqu’à 8 072 € | 5 % | |
Entre 8 072 € et 12 109 € | 10 % | |
Entre 12 109 € et 15 932 € | 15 % | |
Entre 15 932 € et 552 324 € | 20% | |
Entre 552 324 € et 902 838 € | 30% | |
Entre 902 838 € et 1 805 677 € | 40% | |
Au-delà de 1 805 677 € | 45% | |
Frères et sœurs | ||
Jusqu’à 24 430 € | 35 % | |
Au-delà de 24 430 € | 45 % | |
Parents jusqu’au 4e degré inclus | ||
- | 55 % | |
Autres héritiers | ||
- | 60 % |
Par exemple :
Un défunt laisse deux enfants, Pierre et Paul. Il avait donné il y a 5 ans la somme de 50 000 € à Paul. L’actif net taxable s’élève à 680 000 €.
Droits de succession dus par Pierre :
Part successorale : 680 000 €/2 = 340 000 €.
Abattement disponible : 100 000 €.
Part successorale taxable : 340 000 € - 100 000 € = 240 000 €.
Droits de succession :
(8 072 € X 5 %) + (4 037 X 10 %) + (3 823 X 15 %) + (224 068 X 20 %) = 46 194,35 €.
Droits de succession dus par Paul:
Part successorale : 680 000 €/2 = 340 000 €.
Abattement disponible : 100 000 € - 50 000 € = 50 000 €.
Part successorale taxable : 340 000 € - 50 000 € = 290 000 €.
Droits de succession :
(8 072 € X 5 %) + (4 037 X 10 %) + (3 823 X 15 %) + (274 068 X 20 %) = 56 194,35 €.
Bon à savoir : le mari ou la femme survivant, le concubin ou le partenaire de pacs sont exonérés de droits de succession.
Si la succession comprend un bien immobilier comme une maison, le recours à un notaire est obligatoire.
Le montant des émoluments du notaire sont fixés par arrêté du 28 février 2020.
Certains émoluments sont fixes : comptez environ 70 € pour un acte de notoriété et environ 90 € pour un inventaire.
D’autres sont proportionnels : leur montant dépend du montant de l’actif successoral ou de la valeur du bien (plus la valeur est élevée plus le pourcentage est faible). C’est le cas de l'attestation de propriété, de la déclaration de succession ou de l’acte de partage.
Pour une attestation :
Pour une déclaration de succession :
Bon à savoir : combien de temps un notaire peut garder l'argent d'une succession ? L’argent dû dans le cadre d’un héritage n’est pas gardé indéfiniment par l’officier ministériel. Juste le temps de réunir l’argent du défunt, de collecter les créances et de payer les dettes.
“La flexibilité de l'offre me permet d'être serein lorsque l'activité est plus calme.”